Nombril

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Nombril est un mot qui apparaît uniquement dans les Cahiers Secrets (CS) de la Chouette d'Or.

Ce mot apparaît dans la première version de l'énigme 580, p.61 des CS, à la première ligne du texte :

19-9-13-12-15-19-18-21-15-9-19, le nombril et le coeur, est première.

Note : dans le texte original, la ligature de o et e dans le mot "coeur" n'est pas faite.


Sommaire

Pistes et idées

Le code "19-9-13-12-15-19-18-21-15-9-19" cache évidemment Bourges, tandis que le coeur est un concept bien connu des chouetteurs (référence au centre de la France et à Jacques Coeur).

Bourges est au centre de la France, en son cœur ou en son nombril. La ville est parfois appelée "nombril de la partie", ou "nombril de la Gaule" (en latin umbilicus Galliae). La notion de "nombril" est liée à l'"ombilic", l'"ombril", voire à l' omphalos, le centre sacré de l'Univers (dont l'emplacement était marqué par une pierre, une bétyle). L'Omphalos grec, le plus fameux de tous, était situé à Delphes. Il était déterminé par le point de rencontre de deux corbeaux (ou deux aigles) qui partaient des points cardinaux.

C'est au pays des Carnutes que César situait le locus consecratus, le "lieu consacré" des Druides ou encore "nombril de la Gaule celtique". Ce lieu est une sorte d'"omphalos Gaulois", ou nemeton. La localisation exacte du Pays des Carnutes et du locus consecratus reste débattue. Jacques Soyer le situait proche des abbayes de Fleury ou de Saint-Benoît-sur-Loire.


Villes et lieux

  • Bourges / Avaricum : centre géographique des Bituriges.
  • Meillant : Mediolanum Biturigum.
  • Orléans : appelée "fleur et nombril de la Gaule" par Léon Trippault (http://www.bibliorare.com/lot/222005/) (conseiller du Roi au Présidial d'Orléans, helléniste averti et historien de l'Orléanais).
  • abbaye de Saint-Germain-des-Prés : "nombril de la Gaule chrétienne", selon Anatole France (Le Crime de Sylvestre Bonnard, 1896)
  • Chartres : cité du pays des Carnutes.
  • Forêt des Carnutes : dans laquelle se trouvait localisé le principal nemeton de la Gaule. Des vestiges ont été découverts en Sologne, au lieu-dit les Frelats, sur les communes de Presly et d’Ennordres, dans le Cher.
  • Saint-Benoît-sur-Loire : "centre sacré des Gaules". Selon Camille Jullian, le nombril de la Gaule se situait sur le site de Fleury.
  • La Robertière : "Nombril divin des Gaules", en forêt de Dreux et en lisière de l'antique forêt de Montrichard (Daniel Réju, La France des histoires secrètes).
  • Donnery : d'origine Celte et signifierait "le centre sacré des Rois" : Dun (Centre sacré, tertre) et Rix (Roi ou Chef). Donnery serait donc un "locus consecratus" Celte. Ce lieu sacré Royal, situé également au coeur de la Forêt des Carnutes était très certainement le pendant de l'Omphalos spiriuel Druidique de Saint-Benoît-sur-Loire.
  • Dreux : "nombril de la Gaule civile" (Guy Le Fèvre de la Boderie, La Galliade, 1582).
  • Vexin : région du nord-ouest de la France, appelée "nombril de la France" par Laurent Boucher (http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k214041g).
  • Paris : capitale, centre ou nombril de la France (http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k404920c).
  • Bruère-Allichamps : centre géométrique de la France.
  • 'Saint-Amand-Montrond : parfois appelée "nombril de la France".
  • Suèvres  : ombilic des Gaules, capitale des Carnutes.
  • Mehun-sur-Yièvre
  • île de Man - Avalon : "au nombril de la mer".
  • le massif du Pilat : « l'Omphalos des Gaules » selon Noël Gardon.
  • Amancy : présence d'un menhir appelé "pierre du Milieu du Monde" (voir texte de M. Eliade ci-dessous).
  • Moutiers : présence d'un menhir appelé "pierra chevetta", centre que le déluge n'a pas pu engloutir (voir texte de M. Eliade ci-dessous).
  • terres des Arvernes : "ombilic du domaine celtique", selon Camille Jullian
  • Pougne-Hérisson : on s'y rassemble joyeusement le 15 Août, pour célébrer l'imaginaire et l'absurde, à l'occasion du « Festival du Nombril du Monde ».

Textes et citations

Voici un passage très intéressant du livre de Mircea Eliade, Traité d'Histoire des Religions (pp. 200-203) sur l'Omphalos:

81. Pierre sacrée, omphalos, Centre du Monde. — La pierre sur laquelle s'était endormi Jacob n'était pas seulement la « maison de Dieu », mais aussi le lieu où, par l' « échelle des anges », s'établissait la communication entre le Ciel et la Terre. Le béthel était par conséquent un « centre du Monde », de même que la Ka'aba de La Mecque ou le Mont Sinaï, ainsi que tous les temples, palais et « centres » rituellement consacrés (§ 143 sq.). La qualité d' « échelle » unissant le Ciel et la Terre dérivait d'une théophanie effectuée à cet endroit ; la divinité se montrant à Jacob sur le béthel révélait en même temps l'en-droit où elle pouvait descendre sur la terre, le point où le transcendant pouvait se manifester dans l'immanent. Nous verrons plus loin que de telles échelles unissant le Ciel et la Terre ne sont pas nécessairement localisables dans une géographie concrète, profane ; que le « centre du Monde » peut être consacré rituellement dans une infinité de points géographiques sans que l'authenticité de chacun nuise à celles des autres.

Nous nous contentons pour le moment de rappeler quelques croyances concernant l' omphalos (« l'ombril ») dont Pausanias (X, 16, 2) écrit : « Ce que les habitants de Delphes appellent omphalos est fait en pierre blanche et considéré comme se trouvant au centre de la terre, et Pindare, dans une de ses odes, confirme cette opinion ». De nombreux travaux ont été publiés sur ce sujet (cf. la bibliographie). Rolide et J. H. Harrison pensent que l'omphalos représentait à l'origine la pierre funéraire déposée sur la tombe (Varron, de lingua lutina, VII, 17, mentionne une tradition suivant laquelle l' omphalos serait la tombe du serpent sacré de Delphes, Python : quem Pythonis aiunt tumulum). Roselier, qui a consacré trois de ses monographies à ce problème, affirme que l' omphalos a été conçu dès le début comme « centre de la terre ». Nilsson (Geschichte, I, p. 189) ne semble pas satisfait de ces interprétations et considère les deux conceptions de la pierre tombale et du « centre du monde » comme récentes et substituées à une croyance plus « primitive ».

Les deux interprétations sont en réalité « primitives » et ne s'excluent pas l'une l'autre. Considérée comme le point d'interférence du monde des morts, de celui des vivants et de celui des dieux, une tombe peut être en même temps un « centre », un « omphalos de la Terre ». Chez les Romains par exemple, le mundus représentait le lieu de communication entre les trois domaines ; « quand le mundus est ouvert, ouverte aussi est la porte des tristes dieux de l'Enfer », écrit Varron (cité par Macrobe, Saturn., I, 16, 18). Evidemment, le mundus n'est pas une tombe, mais son symbolisme nous permet de mieux comprendre la fonction analogue remplie par l' omphalos ses éventuelles origines funéraires ne contrarient pas sa qualité de « centre ». L'endroit où la communication avec le monde des morts et celui des dieux souterrains pouvait se faire était consacré comme un trait d'union entre les divers plans cosmiques et c'est unique-ment dans un « centre » qu'un tel endroit pouvait se trouver (la multivalence symbolique de l' omphalos sera étudiée dans son ensem-ble propre au moment où nous analyserons la théorie et la fonc-tion rituelle de la consécration des « centres », § 145).

En se superposant à l'ancien culte chtonien de Delphes, Apollon s'annexe l' omphalos et ses privilèges. Poursuivi par les Erynnies, Oreste est purifié par Apollon à côté de Pornphalos, de l'endroit sacré par excellence, dans le « centre » où les trois zones cosmiques com-muniquaient, dans le « nombril » qui, par son symbolisme, garantit une nouvelle naissance et une conscience réintégrée. La multivalence de la « pierre centrale » est encore mieux conservée dans les traditions celtiques. Lia Fâil, « la pierre de Fâil » (le nom est obscur ; Fâil Irlande ?), commence à chanter au moment où celui qui est digne d'être roi s'y assied ; dans les ordalies, l'accusé qui monte sur elle devient blanc s'il est innocent ; en présence d'une femme condamnée à rester stérile, la pierre transpire du sang ; mais si la femme est appelée à la maternité, c'est du lait qu'elle transpire (cf. Dumézil, Jupiter, Mars, Quirinus, pp. 228-229). Lia Fâil est une théophanie de la divinité du sol, la seule à reconnaître son maître (le roi d'Irlande), la seule à diriger l'économie de la fécondité et à garantir les ordalies. Il y a, bien entendu, aussi des variantes phalliques, tardives, de ces omphaloi celtiques (cf. la bibliographie) : la fertilité représente par excellence un attribut du « centre » et ses emblèmes sont souvent sexuels. La valorisation religieuse (et implicitement politique) du « centre » par les Celtes est attestée par des noms comme medinemetum, mediolanum (cf. Caesar, VI, 13, media regio), conservés jusqu'à aujourd'hui dans la toponymie française (Saintyves, Corpus, II, 328, avec bibliographie). En tenant compte de ce qu'enseignent la Lia Fâil et quelques traditions conservées en France, nous sommes en droit d'identifier ces « centres » aux pierres omphaliques. Dans le village d'Amancy (canton de la Roche), par exemple, il existe (témoignage certain du « centre ») une Pierre du Milieu du Monde (Saintyves, Corpus, II, 327). La Pierra chevetta (canton de Moutiers) n'a jamais été submergée par les inondations (ibid., H, 376), ce qui représente une vague survivance du « centre » que le déluge n'a pu engloutir (§ 143).

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